La privatisation d’aéroports, un simple ballon politique?

La privatisation d’aéroports, un simple ballon politique?

Las Vegas, Nevada – Que cherche vraiment le gouvernement Trudeau en lançant l’idée de privatiser des aéroports? C’est une idée qui préoccupe de nombreuses lignes aériennes ainsi que les membres de l’AIM.

« Le gouvernement considère les revenus qu’il pourrait encaisser en vendant les principaux aéroports canadiens », a déclaré Rick Smith, directeur général de l’Institut Broadbent, un groupe de réflexion de gauche.

« Cette idée est sortie de nulle part. Il n’en était même pas question dans le programme électoral présenté par les libéraux en 2015. En fait, c’est une idée mise en veilleuse par les conservateurs de Harper. Néanmoins, la Colline du Parlement grouillait de lobbyistes favorables à la privatisation des aéroports le jour du dépôt du budget le mois dernier. »

La vente des principaux aéroports du Canada à des intérêts privés a une valeur qui se chiffre dans les milliards de dollars. Pourtant, trois des principaux aéroports du pays – ceux de Vancouver, de Calgary et d’Ottawa – s’opposent à l’idée, et seule l’Autorité aéroportuaire du Grand Toronto en fait la promotion. S’adressant aux délégués assistant au congrès 2017 de l’AIM sur les transports, M. Smith a avancé l’idée qu’il s’agit peut-être simplement d’un ballon politique lancé par les libéraux de Trudeau. « Il est fort possible que les libéraux aient décidé d’aller à la pêche pour évaluer dans quelle mesure l’opposition à l’idée serait vive, a-t-il expliqué. Il y a tellement d’autres priorités auxquelles le gouvernement devrait s’attaquer en ce moment que la privatisation des aéroports ne fait aucun sens. Par contre, l’argent généré par la vente [de ces aéroports] pourrait être affecté à l’infrastructure ou au remboursement d’une partie de la dette nationale. Il en demeure que ce serait une occasion non récurrente qui représenterait une erreur terrible. »

« Ce n’est pas pour rien que la plus importante ligne aérienne au pays est contre l’idée, a ajouté M. Smith. Air Canada a déclaré qu’une telle mise en vente d’aéroports augmenterait ses coûts d’exploitation et qu’elle n’aurait d’autre choix que de refiler les hausses aux consommateurs. Vous augmentez ses coûts et elle n’a d’autre choix que de couper ailleurs. Ce seraient notamment vos membres qui en sortiraient perdants. Une fois que des intérêts privés auraient pris la relève, ils continueraient de chercher à réduire les coûts pour gonfler les profits et ça se ferait aux dépens des travailleurs, des membres de l’AIM. »

  1. Smith a confié aux délégués que cette idée a mené à la création d’alliances inusitées. « Si vous voulez tuer l’initiative dans l’œuf, approchez les lignes aériennes et les autorités aéroportuaires ainsi que les députés et sénateurs conservateurs qui s’y opposent. Unissez vos forces! » Le congrès d’une durée de quatre jours prend fin mercredi.