Il est minuit moins une pour l’industrie aérospatiale et les sonnettes d’alarme se font de plus en plus fortes

Il est minuit moins une pour  l’industrie aérospatiale et les sonnettes d’alarme se font de plus en plus fortes

Le Canada est un chef de file dans le domaine de l’aérospatiale depuis des décennies. Nous sommes réputés pour notre contribution et notre expertise en matière d’entretien et de réparation ainsi que de recherche et de développement –  principalement pour le bras  canadien de la navette spatiale, le robot Dextre  de la Station spatiale internationale et des plateformes de communications par satellite à la fine pointe de la technologie. Stan Pickthall, le vice-président général de l’AIMTA Canada, a fait valoir ceci : « L’industrie aérospatiale fait partie de notre ADN  commercial international. C’est une industrie qui soutient  notre économie et nos communautés depuis un siècle. » Cependant, au fil des ans, les avantages concurrentiels que le Canada a acquis ont été négligés, ce qui a progressivement conduit l’industrie aérospatiale canadienne à prendre du retard par rapport à ses concurrents.

Voyant l’impact de la pandémie au Québec, qui possède la grappe aérospatiale la plus importante et la plus dense au Canada, et la troisième en importance au monde, David Chartrand, coordonnateur québécois de l’AIMTA, a fait remarquer que « bien qu’il soit irréfutable que la pandémie ait eu un impact plutôt grave sur l’industrie, nos concurrents prennent le temps et voient une occasion d’élaborer une stratégie qui aidera leurs industries nationales respectives à prospérer une fois que la pandémie aura pris fin. » M. Chartrand a ajouté que « le gouvernement canadien est étonnamment muet et, malgré l’élan donné pour répondre aux besoins de cette industrie à l’échelle nationale, tout s’est arrêté. »

En 2019, l’AIMTA a rendu public un rapport dans lequel étaient formulés un certain nombre de recommandations destinées au gouvernement fédéral et leurs homologues provinciaux – le but étant de soutenir la croissance et la compétitivité continues de l’industrie. Des dirigeants politiques de toutes les couleurs politiques ont soutenu nos recommandations, d’autant plus que l’AIMTA et des associations industrielles – comme l’AIAC (Association des industries aérospatiales du Canada) – partageaient une vision d’avenir pour l’industrie. Le NPD et le Bloc Québécois ont tous deux inclus une stratégie aérospatiale dans leur plateforme électorale, et les enjeux auxquels fait face cette importante industrie nationale ont été au cœur de l’ordre du jour politique. Les discussions sur l’avenir du secteur occupent de plus en plus de place et il semble qu’une nouvelle conversation ait eu lieu.

Le porte-parole de l’AIAC, M. Jean Charest, qui a travaillé sur les besoins de l’industrie aérospatiale, a fait valoir que « [e]n ce moment même, des entreprises canadiennes sont activement sollicitées pour fermer boutique au Canada et s’installer ailleurs. Si on ne se réveille pas, l’apport annuel de 25 milliards de dollars au PIB assuré par cette industrie sera réduit à néant. Le Canada ne sera plus en mesure d’attirer ni de retenir une main-d’œuvre compétente et hautement qualifiée. Il s’agit de 215 000 emplois bien rémunérés et spécialisés disponibles partout au pays […] qui maintiennent en opération plus de 500 PME » et qui emploient de nombreux membres de l’AIMTA.

L’AIMTA soulève la même question que celle posée par M. Charest dans sa lettre : « Voulons-nous garder notre industrie aérospatiale au pays ou non? » Si oui, c’est le moment idéal pour établir un plan stratégique qui consiste à examiner l’orientation future de l’industrie aérospatiale et à faire en sorte que le Canada demeure un concurrent de calibre mondial.


Voici la liste complète des recommandations de l’AIMTA:

 

Principales recomandations
Principes directeurs des politiques : quatre principes

  • Investir dans la R-D, surtout en défense.
  • Obliger les entreprises, notamment celles qui bénéficient d’un crédit d’impôt, d’allégements et d’incitatifs fiscaux, à conserver les emplois au Canada.
  • Cibler le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME).
  • Prendre les mesures qui s’imposent pour maintenir la compétitivité du Canada dans l’industrie.

Politique sectorielle telle qu’élaborée par le gouvernement fédéral : cinq éléments

  • Aborder la fragmentation sectorielle.
  • Porter les budgets spatiaux à des niveaux comparables aux autres pays du G7.
  • Penser stratégiquement au moment d’acheter des avions militaires.
  • Remédier à la pénurie de main-d’œuvre qui sévit dans l’industrie.
  • Investir dans la formation et dans l’éducation des gens de métier du secteur via un financement adéquat au moyen d’accords de transfert aux provinces.

 

Recommandations de l’AIMTA

1 Recherche et développement

i) Investir dans la R-D, en particulier en défense.
ii) Financer publiquement et directement la R-D en s’éloignant des formes indirectes de soutien, telles que les crédits d’impôt et les incitations fiscales.
iii) Obliger les entreprises qui bénéficient d’allégements fiscaux et d’incitations fiscales, à conserver les emplois au Canada.
iv) Fournir un soutien ciblé aux petites et moyennes entreprises qui effectuent la plus grande partie du travail de l’industrie.
v) Mettre sur pied un Fonds d’innovation pour le secteur de l’aérospatiale, s’apparentant aux Fonds d’innovation pour le secteur de l’automobile.

2 Une stratégie nationale en matière de main-d’œuvre

i) Collaborer avec les gouvernements provinciaux pour instaurer des programmes de formation adéquate à l’intention des entrants aptes à l’emploi.
ii) Élaborer une stratégie en matière de recrutement qui cible les jeunes, les femmes et les Autochtones.
iii) Veiller à ce que les emplois restent syndiqués, c’est-à-dire bien rémunérés, stables et sécuritaires, comme composante essentielle du recrutement.
iv) Assurer la collaboration entre l’industrie, le mouvement syndical, les gouvernements et les établissements de formation afin de développer une stratégie en matière de recrutement.

3 Formation et éducation

i) Réserver une somme d’argent à la formation en aérospatiale dans les accords de transfert pour que les institutions soient en mesure de fournir une formation convenable, avec des équipements à jour afin de faire des diplômés des travailleurs aptes à l’emploi.
ii) Pour se prévaloir des fonds supplémentaires aux fins d’éducation et de formation en métiers spécialisés, les provinces devront satisfaire aux exigences requises.

4 Éléments d’une politique sectorielle

i) Accroître les investissements dans la R-D militaire.
ii) Penser stratégiquement au moment d’acheter des avions militaires.
iii) Élaborer une politique de grappes pour aborder la fragmentation du secteur aérospatial.
iv) Mettre en place une stratégie en matière de main-d’œuvre pour remédier à la pénurie de main-d’œuvre spécialisée.
v) Porter les budgets spatiaux à des niveaux comparables aux autres pays du G7.
vi) Soutenir les PME en veillant à mettre à leur disposition un certain nombre de contrats.