Comment le Canada a été transformé par un siècle d’aviation

Il est possible que vous ayez lu quelques articles publiés dans divers journaux commémorant le 100e anniversaire des vols propulsés au Canada et les jalons franchis depuis 1909.
Le présent article a pour but de saisir ce moment du point de vue des travailleurs, afin que vous puissiez apprendre comment le gouvernement et les entreprises ont façonné l’industrie canadienne de l’aviation.
La plupart des articles ne font aucune mention de l’Avro Arrow ou de la création des quelques transporteurs aériens de notre pays; aussi, ils ferment l’œil sur l’arrivée des accords « ciel ouvert » et sur les centaines de faillites enregistrées dans notre pays et ne fournissent aucune explication à ces égards.
Les moments marquants de notre histoire ne se limitent pas à l’invention de l’avion ou de la technologie ayant permis à l’aviation de progresser. Un grand moment a été l’avènement de la déréglementation et de ses répercussions négatives sur l’aviation. Ce pan de l’histoire se révélera pleinement bien avant un siècle!
La déréglementation remonte aux années 1980, et le monde n’est plus le même endroit depuis. Bien entendu, nous savons tous que les voyageurs ont aujourd’hui plus d’options, bénéficient de tarifs à la baisse et ainsi de suite. Nous avons même remarqué une certaine croissance initiale.
Cependant, avez-vous remarqué combien la qualité globale du service s’est détériorée? On ne sert plus de repas à bord et les boissons – si on en propose en premier lieu – ne sont plus gratuites. On facture des surcharges pour les bagages excédentaires. Sur certains types d’appareils, on ne trouve plus de dispositifs de flottaison d’urgence. De plus en plus de transporteurs déclarent faillite et laissent leurs passagers en plan et sans recours. Les employés frustrés des lignes aériennes ne sourient plus et n’ont plus d’énergie à force de se battre contre leur propre employeur. Des centres d’appels situés à l’extérieur de notre pays créent d’autres problèmes pour ceux qui communiquent avec eux pour de l’aide. Les suppléments carburant ainsi que les frais aéroportuaires et gouvernementaux font gonfler le prix des billets d’avion.
En réalité, toutes les promesses qui vous ont été faites par notre gouvernement et les entreprises pour obtenir votre appui à la déréglementation ne se sont pas matérialisées.
Si vous travaillez pour une ligne aérienne, je n’ai pas à vous expliquer les répercussions que tout cela a eues sur vos vies professionnelle et familiale. Disons simplement que nous comprenons tous pourquoi les sourires ne s’affichent plus alors que les employés tentent de fournir le meilleur service possible, de composer avec des pressions au travail tout en conciliant leurs responsabilités professionnelles et familiales.
Concentrons-nous sur les modifications qui doivent être apportées pour ramener un état normal et de la sécurité à l’industrie de l’aviation, au public voyageur, à nous-mêmes et aux membres de nos familles.
L’actuelle situation économique mondiale n’est pas saine. Le moment est venu d’agir correctement pour réparer les dommages causés par nos gouvernements et chefs d’entreprises. La survie de l’industrie de l’aviation et sa santé à long terme en dépendent.
Nous devrons d’abord nous pencher sur les accords « ciel ouvert » et toute la question de la déréglementation. Nous avons tous constaté ce qui arrive lorsque nous laissons les entreprises faire comme bon leur semble sans mettre des règles assez contraignantes en place. Le président américain Obama est sur la bonne voie lorsqu’il mentionne le besoin de remettre en place de la réglementation pour nous sortir du pétrin dans lequel nous nous trouvons.
De toute évidence, nous n’avons plus aucune confiance dans nos PDG, nos banques, nos gouvernements et ces dirigeants et lobbyistes qui expliquent à nos élus pourquoi des règlements doivent être éliminés pour assurer leur survie. Ils ont détruit notre pays et le monde entier. Les travailleurs et leurs familles ont souffert en conséquence, et ce, partout dans le monde. Nous l’apprenons quotidiennement dans nos journaux, et la liste des victimes ne cesse de s’allonger.
Nous avons pu lire sur de nombreux exemples : Enron, Conrad Black et AIG. Dans le domaine des transports, nous avons Robert Milton qui démantèle une ligne aérienne parfaitement saine et liquide ses précieux actifs, élimine ses liquidités et distribue le tout aux actionnaires et aux administrateurs tout en déstabilisant la compagnie et le régime de retraite, qui se trouvent dans un état financier lamentable. Air Canada est en position de déclarer faillite.
Le plan d’action!
Un de nos premiers objectifs est de faire part à nos élus de nos préoccupations et de leur indiquer ce qui doit être fait pour rétablir notre économie, nos emplois, notre sécurité familiale et assurer la survie de nos entreprises et notre industrie afin que nous puissions partager une prospérité collective.
Le gouvernement doit comprendre que s’il ne veille pas aux intérêts des citoyens et travailleurs canadiens, il perdra le pouvoir et sera remplacé par d’autres qui veilleront à ces intérêts.
Voici quelques idées de ce qui devrait être fait pour corriger la solution.
1- Ouvrir les accords « ciel ouvert » et en renégocier les modalités de telle sorte que :
• le syndicat prenne part aux discussions avec le gouvernement sur l’avenir de l’industrie et aux négociations entre les pays menant à des accords bilatéraux et multilatéraux sur le transport aérien, à l’instar de l’Union européenne;
• les questions importantes pour les travailleurs (sécurité, normes du travail, sûreté) soient abordées et les plus petites communautés ne fassent pas les frais de la course aux profits;
• la hausse du plafond de propriété des lignes aériennes de 25 % à 49 % proposée dans le projet de loi C-10 soit annulée. Nous devons demeurer aux commandes des transporteurs nationaux afin que nos intérêts soient protégés par des Canadiens pour les Canadiens;
• les processus du système de gestion de la sécurité (SGS) en place soient revus et modifiés pour éviter que la sécurité soit reléguée à un processus d’audit superficiel. Il faut revenir à l’inspection des appareils et des travaux effectués, comme c’était le cas avant la mise en place du SGS il y a quelques années;
2- Obtenir de l’aide financière du gouvernement pour les secteurs touchés de l’industrie de l’aviation
3- Bonifier les prestations d’assurance-emploi afin qu’elles soient versées sur un plus grand nombre de semaines et offrent la possibilité aux travailleurs de l’aviation touchés de se recycler
4- Mettre en place une solide politique « Achetez canadien » pour tous les achats gouvernementaux dans le secteur des transports :
• Acheter des appareils canadiens ou des services de révision générale de prestation canadienne pour le parc aérien du gouvernement du Canada
5- Adopter une loi sur les pensions qui protégera les travailleurs par la mise sur pied d’un régime gouvernemental d’assurance-retraite pour les travailleurs et les retraités (pour connaître la position de l’AIMTA sur la question des pensions, voir : http://iamaw.ca/newsfr.php?nid=183)
L’AIMTA continue de jouer un rôle proactif en faisant la promotion d’idées et de suggestions progressistes. C’est à nous tous de faire notre part, si petite soit-elle, afin que nous puissions ensemble créer un mouvement de soutien des travailleurs et des familles d’un bout à l’autre de ce pays et assurer un avenir sûr à nos enfants.

Carlos DaCosta