Une perte de 6 500 emplois en trente jours. Le temps de l’unité syndicale est venu !

Une perte de 6 500 emplois en trente jours. Le temps de l’unité syndicale est venu !

En trente jours à peine, des événements désastreux ont eu des impacts dévastateurs pour les travailleurs et les communautés. On parle de 2 500 emplois perdus dans l’usine de GM, à Oshawa, de 1 500 dans les trois usines de Maple Leaf, en Ontario et de 2 500 autres à la suite des mises à pied chez Bombardier au Québec… un total ahurissant de 6 500 emplois en moins d’un mois, 6 500 vies de travailleurs profondément ébranlées. Au Québec, Bombardier, une entreprise grandement subventionnée par les deniers publics, a annoncé des licenciements et ces salariés entament la période des fêtes inquiets et incertains quant à leurs moyens de subsistance et l’avenir de leurs familles. Malgré l’engagement dont le Québec a fait preuve envers Bombardier par le biais de subventions importantes, l’entreprise n’a pas réciproqué. La relation est à sens unique et, évidemment, ce sont les travailleurs qui en paieront le prix.

Les travailleurs de GM à Oshawa subissent le même sort et, à la même date l’année prochaine, la triste réalité fera d’eux une caractéristique sous la rubrique chômeurs. Il n’est pas difficile d’imaginer à quel point notre vie dépend de nos emplois et de nos moyens de subsistance. Des décisions de cette ampleur ne devraient pas être prises par les conseils d’administration d’une société, pas lorsque cette dernière a reçu des fonds publics, des sommes qui n’ont donc pas été allouées aux programmes sociaux, aux communautés, au secteur des soins de santé ou à de nombreux autres services qui auraient pu utiliser à bon escient ces 700 millions de dollars ainsi que les réductions d’impôt de 14 milliards de dollars dont bénéficiait GM.

Au moment de rédiger ces lignes, les postiers ont fait l’objet d’une loi de retour au travail et d’une médiation obligatoire édictées par un gouvernement qui avait initialement critiqué les conservateurs pour avoir eu recours à une mesure législative pour mettre fin à une grève du STTP. Les salariés ont été sanctionnés pour défendre des lieux de travail sécuritaires et des pensions et pour vouloir être rémunérés pour les heures travaillées. Le droit de grève est l’un des rares pouvoirs dont les syndicats disposent. Ce pouvoir n’est jamais exercé à la légère et sans considération profonde pour la communauté, pour les syndiqués et pour les relations avec l’employeur. Mais, c’est parfois le seul moyen d’envoyer un message et ce pouvoir vient de nous être retiré.

Dans le cas de GM, le gouvernement ontarien Ford, qui se vantait d’être un gouvernement pour le peuple, un gouvernement ouvert pour le négoce et prêt à créer des emplois a déclaré qu’il n’y avait rien à faire parce que ce « navire a déjà pris la mer ». Où donc est la lutte pour les gens ordinaires? Mieux encore, qui reste-t-il pour se battre?

Qui demandera des comptes à ces entreprises? Qui tiendra le gouvernement responsable des promesses faites en échange de votes?

Dans les trois cas, les gouvernements, qu’ils soient provinciaux ou fédéraux, libéraux ou conservateurs, sont complices de l’érosion des droits des travailleurs et de nos communautés. Le gouvernement nous est redevable. Nous lui confions l’argent de nos impôts pour qu’il le gère à notre avantage. Les fonds publics n’appartiennent ni au gouvernement, ni aux sociétés. Une subvention n’est pas un marchandage, c’est un engagement et une permission d’exploiter une entreprise et d’utiliser les ressources d’une communauté, humaines ou autres, dans l’intérêt mutuel.

Que faudra-t-il donc de plus pour que les travailleurs passent à l’action? Les moyens de subsistance, la sécurité, les emplois bien rémunérés et sécuritaires, les pensions, les communautés prospères dépérissent.

Que faudra-t-il de plus? Ne vous y méprenez pas, nous assistons à une lente érosion de nos droits en tant que travailleurs, des droits qui garantissent la protection de nos moyens de subsistances, de notre travail et de nos emplois.

L’AIM est solidaire de tous les salariés qui vivent ce que vivent nos membres au Québec, des travailleurs dont le droit de grève a été supprimé et de ceux dont les moyens de subsistance sont simplement perçus comme une obstruction aux profits, un obstacle à la restructuration nécessaire. Ces quatre exemples ne sont que quelques-uns parmi d’innombrables autres et ces scénarios sont devenus trop courants.

Nous avons oublié le pouvoir que nous détenons, comme citoyens et comme travailleurs. Nous avons construit ces sociétés et le gouvernement nous est redevable. Un préjudice causé à un syndicat est un préjudice causé à tous. Si les gouvernements et les sociétés que nous subventionnons ne respectent pas leurs engagements, quelqu’un se doit de  les défier et d’exercer des pressions sur eux. Les syndicats sont les seuls qui le peuvent et ils sont les seuls à l’avoir toujours fait. En cette période critique, il est plus important que jamais de faire preuve de solidarité et d’endiguer ensemble la destruction des droits des travailleurs. Après tout, comme l’illustrent ces exemples et de multiples autres, nous menons tous le même combat contre un adversaire commun.

Stan Pickthall

Vice-président général canadien de l’AIM