Services de garde universel : une source essentielle à la reprise économique

Services de garde universel : une source essentielle à la reprise économique

Le Centre for Future Work a récemment publié une étude sur l’importance des services de garde universels pour la reprise économique, soulignant qu’ils sont bénéfiques sur le plan social, mais qu’ils sont essentiels à la reprise économique. L’étude souligne que la garde universelle des enfants n’est pas un objectif ambitieux, mais un programme qui se paierait lui-même et qui donnerait à l’économie canadienne un coup de pouce dont elle a grandement besoin.

La garde universelle des enfants fait partie de l’agenda politique depuis des décennies, mais son importance n’a jamais été aussi évidente depuis le début de la pandémie. Les fermetures d’écoles et de garderies, combinées au manque d’espace dans les garderies, exercent des pressions sur les familles, mais aussi sur les employeurs, car un plus grand nombre de femmes quittent le travail pour s’occuper de leur famille. Certains membres de l’AIM en ont aussi ressenti les effets, certains ayant pris congé pour s’occuper de leur famille, et d’autres ont envisagé de changer complètement de carrière pour équilibrer le travail et la vie familiale. Bien que les entreprises et les syndicats ne s’entendent peut-être pas sur grand-chose, on reconnaît de plus en plus, sinon le consensus, que « l’élargissement des services de garde d’enfants est bon pour les parents, bon pour les travailleurs, bon pour les employeurs et bon pour la société. Bref, il existe un puissant consensus transversal selon lequel l’expansion de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants accessibles et de grande qualité est une priorité économique et sociale importante et urgente, et les gouvernements doivent agir rapidement pour en faire une réalité. ».[1]

La pandémie a eu un effet disproportionné sur les femmes, et les chiffres le prouvent. Par exemple, les femmes ont perdu du travail à un rythme plus rapide dans les premiers mois des fermetures ordonnées par la santé, ce qui indique une baisse de l’emploi total des femmes de 17 % entre février et avril, par rapport aux hommes. Les premiers emplois qui ont été perdus en raison de la COVID-19 étaient ceux qui employaient surtout des femmes. Le nombre total d’heures travaillées par les femmes a diminué de 30 %, ce qui est également supérieur à celui des hommes. L’élargissement de la couverture des services de garde permettrait non seulement de stimuler la participation au marché du travail, mais aussi de créer des emplois dans certaines parties de la chaîne d’approvisionnement de l’industrie des services de garde.

Les recherches ont constaté que « d’ici la fin d’une période de mise en œuvre de 10 ans, le PIB canadien serait de 63 à 107 milliards de dollars supérieur à ce qu’il aurait été sans l’expansion des services de garde ».[2]

L’étude a également révélé que « revenues gouvernementales supplémentaires perçues à la suite de l’activité économique accrue ajouteraient de 17 à 29 milliards de dollars aux coffres du gouvernement par année – réparties entre les gouvernements fédéral et provinciaux. Ce serait plus que suffisant pour couvrir les coûts totaux d’un programme national d d’apprentissage et la garde des jeunes enfants. » Essentiellement, le programme s’autofinancerait et augmenterait le PIB du Canada.

La dévastation de la pandémie est évidente dans de nombreuses industries, comme en témoignent les niveaux d’emploi, mais peut-être pas autant que les effets négatifs observés dans nos communautés et les services sur lesquels nous comptons quotidiennement. Les domaines qui avaient reçu le moins de soutien et de financement, mais aussi ceux sur lesquels nous comptons considérablement, se sont effondrés, et au milieu de la dévastation est une occasion de résoudre des problèmes créatifs. Le gouvernement ne devrait pas manquer les occasions d’améliorer et de se préparer à des catastrophes semblables, car ce sont nos communautés qui nous soutiennent dans des moments comme celui-ci. Les services de garde universels ne sont pas seulement importants pour le revenu des ménages et des communautés, mais c’est une industrie à part entière qui produit des avantages sociaux et économiques. Peut-être que le fait de considérer la garde d’enfants comme une industrie, plutôt que comme une simple affaire de ménage ou de femmes, attirerait l’attention qu’elle mérite.

Par Ivana Saula
Directrice de recherche

[1] The Role of Early Learning and Child Care in Rebuilding Canada’s Economy after COVID-19. Centre for Future Work. Nov.2020 (seulement en anglais)

[2] Ibid.