Réorganisation des unités de négociation des soins de santé au Manitoba : qui a le plus à perdre?

Réorganisation des unités de négociation des soins de santé au Manitoba : qui a le plus à perdre?

Par Ivana Saula,
Directrice de la recherche pour le Canada

Un vote pendant l’été… plus précisément en août, un mois où la plupart des gens prennent des vacances, se détendent, se déconnectent du travail et renouent avec leurs amis, leur famille et la nature. Un mois de repos bien mérité.

C’est aussi le mois que les conservateurs de M. Pallister ont choisi pour directement attaquer les syndicats manitobains. Si on met de côté le contexte syndical et qu’on considère l’initiative du point de vue d’une stratégie militaire, elle s’apparente à l’attaque d’un ennemi endormi. Le moment a été délibérément choisi et planifié de façon que les ripostes soient difficiles à coordonner. Les syndiqués manitobains n’avaient aucune chance

Dans le but de neutraliser le mouvement syndical dans le secteur public, précisément les soins de santé, un secteur réputé pour la force et la vitalité de ses syndicats, les conservateurs ont conçu une stratégie pour monter les syndicats les uns contre les autres et les travailleurs les uns contre les autres, et pour favoriser l’animosité au sein du mouvement syndical manitobain.

Les modifications apportées à la réglementation et nécessitant la réorganisation des unités de négociation visaient en fait trois des syndicats les plus puissants, à savoir le Syndicat des infirmières et infirmiers du Manitoba, le MGEU et le SCFP. Le syndicat des infirmières et infirmiers a conservé ses membres et a recruté 500 nouveaux membres. Le MGEU a perdu 8 600 membres. Et, c’est le SCFP qui a gagné le plus de membres. La question n’est pas de savoir quel syndicat s’est retrouvé avec le plus de membres, car ce n’est pas pertinent dans le contexte plus large. Ce qu’il est important de reconnaître, c’est que le gouvernement a adopté une position agressive à l’égard des syndicats, une position méprisante qui ne leur laissait aucune chance.

Le gouvernement conservateur a fait valoir qu’il fallait réduire le nombre d’unités de négociation dans le secteur des soins de santé, et ce, pour des raisons d’efficacité, d’amélioration des soins aux patients et d’une diminution des coûts administratifs. C’est ahurissant… comment peut-on affirmer que la représentation syndicale et le choix individuel que font les travailleurs ont quelque chose à voir avec les soins aux patients.

Améliorer les soins aux patients n’implique pas la fermeture des salles d’urgence et des programmes communautaires essentiels. L’optimisation des résultats exige une dotation accrue en personnel et la garantie que les établissements de santé obtiennent le financement dont ils ont besoin pour fournir des soins adéquats. Pour dispenser des soins exceptionnels aux patients, il faut du personnel, de l’équipement et des installations. Mais, les conservateurs ne sont pas disposés à investir dans ceux-ci. En fait, ils ont fait de considérables compressions dans les soins de santé et leur plan pour améliorer les soins aux patients se limite à réorganiser les unités de négociation.

Alors que les médias se concentrent sur lequel des syndicats sort gagnant, nous devrions réfléchir au fait que les dommages collatéraux de cette guerre sont le public. La solidarité syndicale est forte et les syndicats manitobains surmonteront certainement ce revers. Mais, ce sont les patients qui paieront le prix d’une guerre inutile que les conservateurs ont initiée.

La guerre des conservateurs contre les Canadiens de la classe moyenne, les services publics et les collectivités se poursuit, province par province, selon les mêmes tactiques et la même logique. Au-delà de tout cela, informez-vous et faites un choix judicieux en octobre. Votons pour un gouvernement à l’œuvre pour nous tous, et pas seulement pour certains d’entre nous.