Perdre notre démocratie : Pourquoi la bataille du SCFP est notre bataille

Perdre notre démocratie : Pourquoi la bataille du SCFP est notre bataille

La pierre angulaire du mouvement syndical, et un droit gagné au cours de décennies de batailles acharnées, est le droit de négocier librement et équitablement. En fait, sans ce droit, les syndicats perdraient leur essence et seraient effectivement éliminés, ce qui est exactement ce que veulent les conservateurs. Le piétinement de ce droit par le gouvernement Ford est flagrant, mais l’intrusion dans les moindres détails des conventions collectives est carrément dangereuse. C’est à cela que ressemble l’érosion de la démocratie.

La libre négociation collective, qui comprend les grèves et les lock-out, est un droit protégé par la Constitution et un droit sacré pour les travailleurs. Malgré les idées fausses qui circulent, la décision de faire grève n’est jamais prise à la légère. La décision de faire grève est une décision démocratique, prise par les membres du syndicat qui décident en fin de compte de faire grève – les travailleurs de l’éducation ont donné à leur syndicat un mandat fort pour faire grève, mettant tout en jeu. Leurs actions témoignent de leur conviction, de leur détermination et, surtout, de leur volonté d’exiger ce qu’ils méritent et ce qui leur est dû. Les travailleurs prennent de telles décisions lorsqu’ils estiment qu’ils n’ont plus rien à perdre.

L’un des piliers de la philosophie conservatrice est la limitation de l’implication et de l’intrusion du gouvernement dans la vie publique. Mais on ne le dirait pas à la vue de leurs actions cette semaine. Le gouvernement Ford prend des mesures préventives, avant même que les travailleurs de l’éducation aient exercé leur droit de grève protégé par la Charte, pour contourner la négociation collective et définir les conditions de la convention collective. La Loi sur le maintien des élèves en classe irait même à l’encontre du Code des droits de la personne, allant jusqu’à empêcher la Commission des relations de travail de l’Ontario et d’autres organismes de déterminer si une disposition de la loi proposée, ou toute action en vertu de la loi proposée, est constitutionnelle ou en conflit avec le Code des droits de la personne.

Les conservateurs passent au bulldozer les droits constitutionnels par le biais de cette loi proposée, qui stipule qu’une fois que le gouvernement impose la convention collective, il n’y a aucune possibilité d’appel, de contestation, ni de permettre aux membres du syndicat de voter sur cette convention par le biais du processus démocratique. En termes simples, la loi proposée donnerait au gouvernement de Ford un pouvoir absolu.

Une convention collective qui accorde des augmentations de salaire de 1,5 à 2,5 %, dans un contexte d’inflation de 6,9 % et d’augmentations des produits de première nécessité bien supérieures, est une insulte aux travailleurs. Pourquoi les travailleurs qui occupent l’un des emplois les plus importants de notre société devraient-ils être rabaissés et soumis à des salaires de misère ? Des salaires qui les obligent à avoir recours aux banques alimentaires et à un deuxième ou troisième emploi pour joindre les deux bouts ? Mais, plus important encore, pourquoi ce gouvernement fait-il obstacle aux travailleurs qui se battent pour des salaires équitables ? Pourtant, à l’inverse, ce gouvernement ne s’est jamais opposé à la facilitation d’importants transferts de richesse du secteur public vers le secteur privé. Pourquoi les gouvernements sont-ils prompts à réagir lorsque les travailleurs menacent de faire grève, mais pas lorsque les travailleurs sont mis en lock-out pendant des mois ?

Au cours des dernières élections provinciales, le gouvernement Ford a répété ad nauseum que son gouvernement soutient les travailleurs et se bat pour eux. Empêcher la négociation collective libre et équitable dit le contraire. Les événements de cette semaine montrent clairement que lorsqu’il est temps de se lever et d’être compté, le gouvernement Ford est prêt à se lever, mais seulement pour piétiner les droits fondamentaux des travailleurs. Si le gouvernement Ford veut vraiment se tenir aux côtés des travailleurs, il doit permettre aux parties de négocier une entente équitable et s’assurer que les travailleurs de l’éducation sont payés ce qu’ils méritent. Il est honteux de contrecarrer l’action collective de travailleurs sous-payés et vulnérables qui demandent simplement à recevoir un salaire qui les sorte de la pauvreté.

Aujourd’hui, ce sont les travailleurs de l’éducation qui sont la cible de ce gouvernement, demain, ce pourrait être n’importe lequel d’entre nous. Ce n’est pas une question de secteur public ou privé, c’est une question de travailleurs. Il s’agit d’un gouvernement qui cherche à détruire les syndicats et à se donner un pouvoir absolu. Ce n’est pas seulement anti-ouvrier, ces actions vont à l’encontre des intérêts du public, de notre système éducatif, des enfants que le gouvernement de Ford prétend protéger. Oui, les enfants doivent retourner à l’école, mais pas comme ça, et pas dans ces conditions.

Il s’agit d’un assaut frontal contre nous tous, et les actions du gouvernement Ford sont un message clair à tous les travailleurs. Voici notre message à Ford : nous ne resterons pas les bras croisés et ne regarderons pas nos droits nous être retirés. Un droit qui est le seul moyen de lutter pour nos moyens de subsistance. Soyez assurés que nous nous tiendrons au coude à coude avec les travailleurs de l’éducation ou tout travailleur attaqué, que ce soit sur la ligne de piquetage ou la ligne de protestation.

Et ce faisant, nous avons prouvé que la solidarité nous aidera à gagner, et que la résilience des travailleurs nous permettra de surmonter tous les défis, mais seulement lorsque nous serons unis. Ford savait qu’il ne pouvait pas gagner ce combat, et il a reculé. Mais il doit savoir que nous sommes sur la touche, que nous observons et que nous sommes mobilisés pour mener un autre combat, si nécessaire.

Les travailleurs unis ne seront jamais vaincus.