Lettre aux ministres Freeland et Garneau – La renationalisation des Lignes aériennes Canada – le moment est venu!

Lettre aux ministres Freeland et Garneau - La renationalisation des Lignes aériennes Canada – le moment est venu!

20 octobre 2020
L’honorable Chrystia Freeland, Ministre des Finances/Vice-première ministre
L’honorable Marc Garneau, Ministre des Transports
Chambre des communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Courriel : Chrystia.Freeland@parl.gc.ca                    Courriel : Marc.Garneau@parl.gc.ca

Chers ministres Freeland et Garneau,

Objet : La renationalisation des Lignes aériennes Canada – le moment est venu!

Nous avons tous observé avec horreur les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les amis et les familles partout au Canada. Il s’agit d’une crise santé d’une énorme ampleur, et tous les Canadiens partagent notre intérêt commun de trouver une solution à cette maladie et de mettre fin aux infections et aux décès inutiles dont nous sommes témoins partout au pays et dans le monde.

Pourtant, il y a aussi des répercussions extrêmement décourageantes sur l’industrie et l’infrastructure du Canada. En particulier, nous avons été témoins d’une dévastation sans précédent pour les compagnies aériennes et l’industrie du transport aérien du Canada. En tant que syndicat représentant les travailleurs d’Air Canada, nous avons vu l’entreprise perdre 1,75 milliard de dollars au deuxième trimestre de 2020, en raison d’une baisse de 95 % des revenus des passagers.

À notre avis, il est grand temps que le gouvernement fédéral intervienne et empêche notre industrie cruciale du transport aérien de s’effondrer au beau milieu de cette pandémie mondiale. Nous demandons des investissements dans l’industrie, particulièrement en ce qui concerne les répercussions sur Air Canada et les dizaines de milliers de Canadiens qui comptent sur cette entreprise pour leur revenu et leur gagne-pain.

Nous avons tous déjà été fiers d’appeler Air Canada notre compagnie aérienne nationale, et il est maintenant temps pour nous de reconsidérer la décision de 1988 de privatiser cette précieuse ressource et de l’exposer aux forces volatiles du marché – ce réexamen est particulièrement important en cette période cruciale.

Nous recommandons maintenant un débat sur la renationalisation d’Air Canada.

L’AIM reconnaît les défis que pose la participation du public à cette industrie, mais nous estimons qu’elle est d’une importance cruciale à ce carrefour. Le Canada est l’un des plus grands pays du monde, avec une

population relativement petite. Le fait d’avoir une compagnie aérienne riche et viable est essentiel à l’infrastructure du Canada; il est tout aussi essentiel d’avoir de bons emplois pour la classe moyenne dans le

cadre de cette équation. On a réclamé un investissement de plusieurs milliards de dollars dans l’industrie du transport aérien, et nous sommes heureux d’ajouter notre voix à ces appels.

Mais nous devons insister sur le fait que toute contribution à l’industrie canadienne du transport aérien doit prendre la forme d’un investissement – un investissement qui vient avec une voix dans la gouvernance de cette compagnie aérienne. Nous avons tous vu des engagements pris dans d’autres pays du monde, comme l’investissement récent de l’Allemagne dans Lufthansa, qui a donné au gouvernement allemand une participation de 20 % dans la compagnie.

Pour être tout à fait clair, nous nous opposons à toute contribution utilisée pour payer des primes de direction ou d’autres formes de rémunération des exécutifs.   Au cours des six derniers mois, nous avons observé que plus de la moitié des membres de l’AIM travaillant pour Air Canada ont été mis à pied ou mis à pied d’une autre façon; tout plan de redressement du gouvernement fédéral doit tenir compte des besoins de ces travailleurs, et doivent veiller à ce qu’ils continuent d’occuper des emplois solides pour la classe ouvrière. Ces travailleurs ont construit Air Canada, nous avons l’intention qu’ils soient là pour le reconstruire.

La récente suspension des vols (Air Canada et WestJet ont réduit leurs vols) sur bon nombre de routes régionales au Canada souligne l’importance d’avoir une participation du gouvernement fédéral dans les compagnies aériennes. Les citoyens canadiens de toutes les communautés doivent avoir accès à cette ressource, et il nous incombe à tous de veiller à ce que ce service soit rétabli et maintenu.

Nous devons également tenir compte des petites compagnies aériennes du pays, qui ont toutes subi des pertes importantes. Qu’il s’agisse d’Air Transat et de Sunwing ou des petits transporteurs régionaux du pays, notre travail consiste à nous assurer qu’ils sont entretenus et qu’ils continuent d’offrir ce service nécessaire aux Canadiens. De plus, de nombreux entrepreneurs d’aéroport doivent être pris en considération; ils fournissent les services nécessaires, des bagages au sol aux fauteuils roulants, en passant par la sécurité des aéroports et des vols.

Enfin, nous soulignons également les nombreux emplois et industries en aval qui dépendent des compagnies aériennes solides et viables du Canada, qu’il s’agisse des travailleurs et des fournisseurs d’aéroports, des travailleurs de l’industrie de l’hôtellerie ou des hôtels, aux entreprises aérospatiales d’importance cruciale du Canada qui construisent et entretiennent les aéronefs et qui nous permettent de voler. Cette importante industrie génère des centaines de milliers d’emplois au Canada.

Nous devons veiller à ce qu’il soit fort et en santé, pour la prochaine année et pour la prochaine génération.

Nous sommes d’avis qu’il est de la plus haute urgence que le Comité des transports du gouvernement fédéral se réunisse immédiatement pour discuter de la meilleure façon de préserver cette industrie cruciale et les milliers d’emplois qui y sont liés. Je vous exhorte à agir immédiatement !

Respectueusement soumis,

Stan Pickthall
Vice-président général canadien
Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale
SP/jc

c.c.      Justin Trudeau – Premier ministre
Jagmeet Singh – Chef du NPD
Erin O’Toole – Chef du Parti conservateur
Yves-François Blanchet – Chef du Bloc québécois
Annamie Paul – Chef du Parti vert