Une occasion ratée d’appuyer les plus vulnérables au Canada, selon le NPD

Face à une crise financière sans précédent, le gouvernement conservateur du Canada a déposé un budget cette semaine. Le document regorge de demi-mesures qui laisseront pour compte trop de Canadiens vulnérables.

L’absence de mesures pour réformer l’assurance-emploi, l’absence de mesures vigoureuses pour lutter contre la pauvreté pendant cette période tumultueuse, la décision de lier les investissements dans les infrastructures et le logement abordable à des programmes à coûts partagés : ce sont des exemples de raisons pour lesquelles ce budget est une occasion ratée de protéger les plus vulnérables pendant une période de vache maigre, de protéger les emplois d’aujourd’hui et de créer les emplois de demain.

« Les mesures annoncées sont l’équivalent d’un diachylon sur une plaie béante. Pour les victimes de la récession, c’est désespérant »

– René Roy, secrétaire général de la FTQ

Ce budget en dit long sur les mauvaises priorités de M. Harper et de son ministre des Finances de l’époque de Mike Harris en Ontario. Le budget accorde 60 $ en réductions d’impôt aux grandes entreprises pour chaque dollar destiné aux chômeurs. Qui plus est, le budget ne permet pas à d’autres chômeurs d’accéder à l’assurance-emploi.

« A quoi, et surtout à qui cela sert-il de bonifier de cinq semaines la période de prestation s’il y a toujours près de 60 % des travailleurs et des travailleuses qui, d’une manière ou d’une autre, n’y auront pas accès lorsqu’ils ou elles perdront leur emploi? Toutes bonifications à l’assurance-emploi, bien que souhaitables, demeurent inefficaces si l’on ne s’affaire pas, dans un premier temps, à rétablir le caractère universel du régime »

– Hugo Desgagné, coordonnateur du MASSE

« Nous sommes très inquiets. Le fait que les plus vulnérables ne sont pas protégés par des changements appropriés au régime d’assurance-emploi est un sérieux problème pour toutes les villes. De plus, les fonds alloués aux infrastructures posent d’importants défis. »

– David Miller, maire de Toronto

Les propositions de M. Harper concernant les infrastructures semblent vouées à l’échec, puisqu’elles dépendent de paiements correspondants de la part d’autres ordres de gouvernement et du secteur privé. Par conséquent, de nombreuses municipalités et collectivités seront laissées pour compte. Plutôt que de faire en sorte que les fonds soient débloqués plus rapidement et plus facilement, les conservateurs restent fidèles au modèle de financement de partenariats publics-privés. Ces PPP sont la cause du fait que plus de 80 pour cent des fonds alloués aux infrastructures dans les deux derniers budgets n’ont jamais été débloqués. En fait, le document budgétaire confirme cette tendance, en expliquant que 7,6 milliards de dollars alloués aux infrastructures dans le dernier budget n’ont jamais été dépensés.

« À cause de l’absence d’investissements consacrés aux transports en commun, ce sera difficile pour les transports en commun de répondre aux besoins croissants des collectivités canadiennes. »

– Michael Roschlau, Association canadienne du transport urbain

Cela nous rappelle que nous ne pouvons pas faire confiance au gouvernement conservateur pour respecter ses promesses et aider les gens. Par contre, les conservateurs ne manquent jamais à leurs promesses de réduire les dépenses et les impôts, ce qui n’a rien de productif. Le NPD écoute et observe ce gouvernement depuis trois ans, et nous savons que M. Harper n’est pas digne de confiance.

« Il ne faut pas oublier que c’est le même gouvernement qui a annoncé le fonds de Chantiers Canada… dont pas un cent n’a été débloqué. »

– John Rodriguez, maire de Sudbury

Ce budget était une occasion rare de faire des investissements pour stimuler l’économie d’aujourd’hui et favoriser la transition vers les emplois de l’avenir. Mais au contraire, sans justification, ce budget s’en prend à la possibilité des femmes de poursuivre le droit à l’équité salariale devant les tribunaux.

Il s’agit également d’un refus de faire construire les logements dont les Canadiens à faible revenu ont si désespérément besoin, et d’un refus de créer des places en garderie. On dirait que le gouvernement se contente de son classement inférieur (dernière place) sur l’échelle internationale des services de garde d’enfants des pays développés.

« Le budget fédéral de 2009 fait fi des besoins en matière de services de garde des Canadiens qui essaient de garder leur emploi ou de se recycler. »

– Jody Dallaire, Association canadienne pour la promotion des services de garde à l’enfance

Ce budget était également une occasion manquée de maximiser la création d’emploi grâce à des initiatives en matière d’infrastructures : il ne prévoit pas de politique d’approvisionnement au Canada. Par exemple, nos Forces armées achètent pour 250 millions de dollars de camions fabriqués au Texas, tandis que cette même entreprise met à pied des centaines de travailleurs d’une usine canadienne, à Chatham.

Ce budget n’empêchera même pas une entreprise comme John Deere d’empocher des millions de dollars en réductions d’impôt, et ensuite mettre la clé sous la porte de leur usine à Welland, en Ontario, après 75 ans de productivité.

Dans le document budgétaire, le gouvernement remet en question sa propre approche. Selon ses chiffres, pour chaque dollar accordé aux réductions d’impôt, le PIB n’augmente que de 0,20 $. Les réductions d’impôt pour les particuliers sont un peu plus intéressantes, en faisant grimper le PIB de 0,90 $. Mais les meilleurs investissements sont ceux consacrés aux infrastructures et aux mesures pour aider les Canadiens à faible revenu. Pour chaque dollar investi, le PIB augmente de 1,50 $.

« Le budget fédéral d’aujourd’hui laisse tomber des centaines de milliers de Canadiens vulnérables, et n’offre pas la stimulation immédiate dont notre économie a besoin. »

– Centre canadien de politiques alternatives

Quant à l’environnement, le plan de M. Harper est superficiel par rapport au plan novateur pour une économie verte proposé par le président américain Barack Obama. Des investissements dans de véritables mesures environnementales représentent moins d’un pour cent du plan de relance, et les conservateurs proposent quatre fois moins de dépenses par personne pour des mesures écologiques que le plan de relance américain. Le nouveau programme de rénovations domiciliaires n’est même pas lié à des mesures de conservation de l’énergie.

Le plus important investissement « environnemental » prévu dans le budget de 2009 sera accordé à la technologie controversée de la séquestration et du stockage du carbone : ce n’est qu’un cadeau dans les poches des grands pollueurs. Les conservateurs proposent un Fonds d’infrastructures vertes, mais les détails sont flous et des investissements correspondants sont obligatoires. Au fond, le gouvernement nous demande de lui faire confiance aveuglément lorsqu’il s’agit de l’environnement.

« Si vous ne pouvez pas trouver des fonds à consacrer aux sources d’énergie de l’avenir dans le cadre d’un plan de stimulation qui vaut 40 milliards de dollars, vous êtes contre l’environnement. Ils préfèrent parler de la séquestration et du stockage du carbone. Ils se concentrent résolument sur des technologies qui ne sont pas vertes. »

– Dale Marshall, Fondation David Suzuki

Par ailleurs, le mot « femme » est introuvable dans le budget de 2009. En plus de priver les femmes du droit d’aller en cour concernant l’équité salariale, le budget n’a pas annulé les compressions précédentes à Condition féminine Canada. Comparez à cela les gestes du Président Obama, qui a annoncé cette semaine que son gouvernement renforcera l’accès à l’équité salariale pour les femmes. Les femmes gagnent toujours 72 cents pour chaque dollar que gagnent les hommes, mais les conservateurs n’ont rien proposé pour remédier à cette situation.

Le NPD est très déçu de l’échec du budget 2009 d’aborder la crise économique, de protéger et de créer des emplois et de s’assurer que les plus vulnérables de notre société ne seront pas laissés pour compte. Il s’agit d’une occasion ratée de façon injustifiable. Car nous avons tendu la main aux autres partis, mis nos différences de côté et accepté un ensemble de mesures politiques pour aborder la crise économique en posant des gestes audacieux et décisifs.

Malgré l’échec de ce budget, le NPD est toujours aussi résolu à protéger les plus vulnérables, à favoriser le rétablissement rapide de l’économie et à bâtir un avenir prospère pour tous les Canadiens. Nous continuerons de demander des comptes au gouvernement Harper. Encore une fois, le NPD est la véritable opposition.