Renégociation de l’ALÉNA : une deuxième chance de faire les choses correctement!

Renégociation de l’ALÉNA : une deuxième chance de faire les choses correctement!

Le programme « Buy America » de l’administration Trump a causé beaucoup de tapage. Du côté canadien de la frontière, ce tapage prend plutôt la forme d’un murmure, mais il est plus que temps que nous nous fassions entendre. Le moment est venu pour le gouvernement canadien de faire preuve de transparence par rapport à son plan et sa stratégie de négociation et de veiller à représenter les Canadiens et à défendre leurs intérêts.

La renégociation de l’ALÉNA donne aux Canadiens l’occasion de poursuivre vigoureusement un objectif de protection des emplois et des services publics au Canada. C’est ce que le gouvernement Mulroney n’avait pas fait lors de la négociation de la première mouture de l’ALÉNA au début des années 1990, et les Canadiens en paient le prix depuis une génération.

« Maintenant que le gouvernement canadien se prépare à renégocier le libellé de l’ALÉNA criblé de failles, il doit garder les travailleurs canadiens en tête de sa liste de priorités, affirme le vice-président général canadien de l’AIM, Stan Pickthall. Justin Trudeau et les libéraux ont fait campagne sur le développement et le maintien d’une classe moyenne forte. Le moment est venu pour eux de livrer la marchandise. »

« L’ALÉNA a contribué à l’élimination de bons emplois bien rémunérés et a décimé le secteur manufacturier au détriment de l’ensemble des travailleurs canadiens et particulièrement des membres de l’AIM au Canada. Ce fut un énorme échec de la part des conservateurs sous Brian Mulroney et c’est un échec que les libéraux doivent corriger sous Justin Trudeau », ajoute Pickthall.

Dans le secteur manufacturier, les travailleurs canadiens ont encaissé de lourdes pertes d’emplois en raison de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis et de l’ALÉNA au cours des années suivant sa signature en 1993. Un nombre sans précédent d’usines ont fermé leurs portes et de nombreuses installations manufacturières représentées par l’AIM Canada ont été réinstallées aux États-Unis ainsi qu’au Mexique. Entre 1988 et 1995, il est estimé que jusqu’à 19 % des usines manufacturières ont été fermées. Le secteur de la machinerie, qui emploie nombre de nos membres, a été encore durement touché; on estime que 30 % des pertes d’emplois dans ce secteur sont attribuables au libre-échange.

À la fin du 20e siècle, le nombre d’emplois manufacturiers avait baissé de 6 % par rapport à 1989 et le taux de chômage au Canada atteignait 9,6 %, par rapport à 5,8 % aux États-Unis. « De toute évidence, ce sont des emplois canadiens qui ont été sacrifiés par ces accords commerciaux, avance Pickthall. Les travailleurs canadiens figurent parmi les plus qualifiés sur la planète et c’est maintenant au gouvernement libéral de protéger leur droit d’utiliser leurs compétences pour gagner décemment leur vie. »

Les négociateurs représentant le Canada ont tout un défi devant eux et les priorités sont nombreuses. Voici les priorités que l’AIM Canada urge le gouvernement d’adopter :

  1. Protéger les emplois des travailleurs canadiens. Cela passe par des emplois qualifiés capables de subvenir aux besoins d’une famille plutôt que les emplois au salaire minimum dans les secteurs des services et de la restauration qu’occupent actuellement un trop grand nombre de Canadiens.
  2. Veiller à ce que les normes d’emploi soient appliquées dans les trois pays afin d’assurer que tous sont véritablement sur un pied d’égalité. Cela doit inclure une reconnaissance du droit qu’ont les travailleurs de s’organiser et de négocier collectivement sans crainte d’intimation ou de représailles de la part des employeurs.
  3. Éliminer les dispositions du chapitre 11 (Règlement des différends entre une Partie et un investisseur d’une autre Partie) qui permettent aux entreprises de poursuivre un gouvernement. Le Canada est le pays qui fait l’objet du plus grand nombre de poursuites intentées en vertu du chapitre 11, aux frais des contribuables canadiens.
  4. Protéger les ressources naturelles du Canada, comme le pétrole et l’eau. L’eau ne doit plus être considérée comme un « bien » dans l’ALÉNA. À l’heure actuelle, si de l’eau est vendue à une entreprise à des fins commerciales, ladite entreprise a le droit de continuer d’acheter cette eau, et ce, même là où les Canadiens ont un accès limité à cette même ressource.
  5. S’assurer que l’accord renégocié contribue à créer de l’emploi. L’entente négociée ne doit plus contribuer à baisser les salaires et à saper les avantages sociaux. L’accord renégocié doit reposer sur des valeurs de transparence, de démocratie et d’équité et intégrer des normes d’emploi efficaces ainsi que des protections sociales.
  6. Protéger la propriété intellectuelle tout en défendant le droit à des médicaments abordables. Nous devons mieux protéger les travailleurs dont la subsistance dépend étroitement de la protection du droit d’auteur international tout en luttant contre les règles de protection des brevets, des prix et des données qui contribuent à maintenir les prix élevés des médicaments.